vendredi 8 avril 2016

Analyse rapide des comptes de la ville de Nice (1/2)


Note:
N'ayant que peu de connaissances en comptabilité des collectivités territoriales, je ne m'aventurerai pas dans une analyse trop poussive...

La dette et les produits et charges de fonctionnement de la ville

Mise à jour Avril 2016 avec les données de 2014
2e mise à jour, Janvier 2017 avec les données de 2015 

Résumé 2015:
- stabilisation de la dette (mais à un niveau assez important)
- baisse des dotations obtenues par la ville mais les impôts totaux montent toujours (alors que la population niçoise diminue...)
- Très forte hausse des charges financières en 1 an ( multipliées par 2,3 )


Encours de la dette

 

Encours de la dette de la ville de Nice (2000 - 2015)


On constate une baisse de l'endettement de la ville de 2000 à 2004, avant de reprendre une hausse assez importante (+64% entre 2004 et 2013) ! Cela représentait en 2013 une dette de 1518€ par Niçois. Depuis, elle diminue sensiblement...

Produits et charges de fonctionnement

 

Total des produits et charges de fonctionnement de la Ville de Nice (2000 - 2015)


Les produits de fonctionnement :
  • Impôts Locaux 
  • Autres impôts et taxes 
  • Dotation globale de fonctionnement 

Les charges de fonctionnement :
  • Charges de personnel
  • Achats et charges externes
  • Charges financières
  • Contingents
  • Subventions versées
Jusqu'en 2006, les produits étaient assez nettement supérieures aux charges. On avait alors un résultat conséquent ce qui semblait plutôt rassurant (Près de 100 millions € en 2000).
Les charges sont ensuite remontées plus vite que les rentrées d'argent, ce qui a asséché le résultat  comptables de la ville (59 000€ seulement en 2013).
On constate également "l'effet crise" en 2009 qui s'est résorbé en un peu moins de 2 ans.
En 2014 et 2015, le résultat comptable s'éloigne de la zone rouge et stabilise autour de 24 millions d'euro.

Ventilation des produits et des charges

Avant toute chose, ces informations ne sont que (très) partielles. Toutes les données ne sont pas fournies par le ministère quant à la ventilation des comptes.
Exemple : Les 3 catégories des produits de fonctionnement ne représentent que 75% du total des produits pour l'année 2013.

Les produits  

 

Produits de fonctionnement de la ville de Nice (2000 - 2015)

2000 à 2002, baisse des impôts locaux collectés, sans doute à cause de la mutualisation des ressources, ou plutôt du report des taxes sur les autres communes, suite à la création de la CANCA (aujourd’hui Métropole Nice Cote d'Azur fera l'objet d'un autre billet). 15 ans plus tard, les impôts sont au même niveau qu'avant leur chute (plus de 50% de hausse, alors que l'inflation cumulée n'a été que de 23% entre 2002 et 2015)
Les dotations ont entamé une baisse assez inquiétant depuis 2010 (-18 millions d'euro)

Les charges 

 

Charges de fonctionnement de la ville de Nice (2000 - 2015)



Les subventions versées par la ville sont restées relativement stables (+23% en 14 ans).
Les charges financières restaient relativement stables depuis 2000 ce qui était assez rassurant. Malheureusement, comme le montre le graphique, les charges financières ont littéralement explosé en 2015 : multiplié par 2,3 en 1 an!
Enfin, courbe étonnante, celle des contingents. Les contingents sont, si ma définition est bonne, les heures supplémentaires payées (elles ne sont donc pas inclues dans les charges de personnels). En 2009, crise oblige (?), c'est "niet" pour les heures supp' des agents de la ville de Nice.


mardi 5 avril 2016

Analyse rapide des comptes de la ville de Nice (2/2)

Mise à jour 1 : Avril 2016 avec les données de 2014
Mise à jour 2 : Janvier 2017 avec les données de 2015

Les investissements



Emplois et ressources d'investissement de la ville de Nice (en milliers d'euro)

Les investissements regroupent les flux entrants et sortants qui visent à financier les biens immobiliers. Pour plus d'informations, voir le site de l'état.
 Pour la ville de Nice, nous constatons de nombreuses variations.
Je ne trouve pas d'explications pour le pic de 2002, le passage à l'euro n'est pas supposé avoir d'effets? Si un lecteur a une idée sur la question..
Une augmentation assez nette entre 2004 et 2007, sans doute liée aux investissements du tramway...
Depuis, les investissements suivent une tendance baissière assez franche.

Les ressources d'investissement



Suventions d'investissement et emprunts reçus par la ville de Nice (en milliers d'euros)


Elles sont composées de subventions et d'emprunts.
La ville s'est naturellement endettée pour le financement du tramway de 2005 à 2007. Depuis, les ressources d'investissement ont diminué peu à peu avec, en 2014, une chute des emprunts compensés par des subventions relativement importantes.

Les emplois d'investissement

 

Emplois des investissements par la ville de Nice (en milliers d'euros)

Ce qui peut paraitre étonnant ici, c'est la baisse constante des remboursements d'emprunts. Cela pourrait s'expliquer par une plus grande durée de remboursement : les annuités diminuent, mais la durée s'allonge (et généralement, les taux/les intérêts sont plus importants...)
En 2014, gros coup de frein sur les dépenses d'équipements.

Capacité d'Auto-Financement.


La CAF est la différence entre les produits de fonctionnement (hors ventes d'immobilisations) et les charges de fonctionnement. Le maire utilise en général la CAF pour financer ses investissements (en plus des emprunts, subventions, etc.). Ici la CAF est calculée "nette des remboursements d'emprunts".

Capacité d'auto-financement nette du remboursement en capital des emprunts de la ville de Nice (en milliers d'euro)


On constate que la ville a du mal à rester régulière vis à vis de sa capacité à s'autofinancer.

"Surplus ou sur-utilisation des ressources d'investissement"



Pour expliquer simplement ce graphique, si l'on se situe en dessous de 0, cela signifie que l'on a emprunté plus que ce que l'on a dépensé en investissements. On se retrouve avec un surplus de liquidités... ce qui fait plaisir aux banquiers dans un premier temps (l'argent n'est pas gratuit, n'est ce pas?) et, peut-être, permet aussi de financer indirectement les coûts de fonctionnement de la ville ? Ce second point paraît inquiétant car cela signifierait que la ville vit au dessus de ses moyens...

Le "Résultat d'Ensemble"


Ce résultat n'a pas tellement de signification comptable (de mon point de vue), car il additionne deux résultats ayant des rapports assez différents. Mais cela ne nous empêche pas de l'exposer :
 
Résultat d'ensemble (résultat comptable - besoin/capacité de financement de la section investissement) (en milliers d'euro)


Le résultat d'ensemble correspond au résultat comptable (produits - charges de fonctionnement) auquel on rajoute la capacité (ou besoin) de financement de la section d'investissement.
Depuis 2006, le résultat a chuté très fortement. Cela peut paraître inquiétant, mais il faut garder à l'esprit qu'il s'agit d'une organisation "publique", elle n'est pas là pour faire des bénéfices.
Cette chute s'explique donc par une CAF assez irrégulière, mais aussi, comme nous l'avons vu dans le premier billet, par une baisse du résultat comptable (hausse des charges mais stagnation des produits).
En 2015, bonne nouvelle, le résultat repart très nettement à la hausse, du fait de nos ressources d'investissement en excés et d'un résultat comptable stable.



N'hésitez pas à commenter pour corriger ou apporter d'autres informations!

samedi 2 avril 2016

Résumé du rapport des comptes de la ville de Nice (2015)

Bonjour,

Avec l'article du Nice Matin de ce jour évoquant le boucan qu'a pu causer la Chambre Régionale des Comptes (CRC), je me suis mis en route de ce fameux rapport. Que dit-il ?

Vous trouverez un résumé ici : http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Commune-de-Nice-Alpes-maritimes-Rapport-d-observations-definitives

Autrement, vous pouvez le télécharger au format PDF
Et, bien entendue, lire la réponse de notre prince à ce sujet.

Que dit ce rapport ?

Les finances

Depuis 2008, les charges de fonctionnement sont tout juste couvertes par les impôts et dotations dont bénéficie la ville. De plus la dette de la ville explose : 500 millions d'euro en 2014. Mais tout ça, nous avions pu le voir dans les billets d'analyse des comptes de la ville. La chambre des comptes attribue cette dégradation des comptes aux charges de personnels ce que me paraît étrange puisque dans l'analyse faite sur ce blog montre des charges de personnels stables depuis 2008. Selon eux, l'impacte devrait être plus important du fait de la mutualisation avec la Métropole.

En bref  :

la CRC s'inquiète car l'Etat va donner de moins en moins à la ville alors que celle-ci a de plus en plus de besoins. La CRC estime que les investissements seront gelés dans les années à venir afin de pouvoir rembourser la dette.

Irrégularités sur la gestion du personnel

  • La ville paye des heures supplémentaires au personnel alors qu'aucun système automatisé ne permet de le vérifier.
  • La ville offre de nombreuses "primes" n'ayant aucune existence légale (prime départe à la retraite, prime vacance...)
  • La ville "donne" deux mois aux agents qui partent à la retraite (payés plein tarif, mais pas à leur poste), appelé "congés libéral", afin de "s'habituer au status de retraité".

Les recommandations de la CRC (résumées) : 


  • Recommandation n° 1 : Fin des heures supp' tant qu'il n'y aura pas de contrôle automatisé.
  • Recommandation n° 2 : Fin de la prime d’aide aux vacances.
  • Recommandation n° 3 Fin de la prime de départ en retraite.
  • Recommandation n° 4 : Fin au congé libérable avant départ en retraite.

Gestion de l'Opéra de Nice


  • La CRC estime que le budget de l'Opéra est disproportionné : 22 millions d'euro par an soit le budget d'une commune de 10 à 15 000 habitants.
  • 92% du budget de l'Opéra est couvert par la ville et le département. Le reste est financé par... la vente des billets (6%) et du mécénat (2%).
  • L'Opéra représente 350 emplois, mais n'a aucun organigramme.
  • Les taux de remplissage sont relativement médiocres : environ 55% pour les concerts et ballets, 71% pour les opéra (2014)
  • Selon le CRC, l'orchestre est disproportionné : en moyenne 45 musiciens par représentation alors que l'orchestre représente environ 100 musiciens.
  • Le temps de travail des musiciens n'est pas contrôlé. 
  • Selon la CRC, la "prime de théatre" n'a pas d'existence légale.

Les recommandations de la CRC :

  • Recommandation n° 5 : Faire des sondages pour mieux connaître les goûts du public (et donc augmenter le taux de remplissage)
  • Recommandation n° 6 : Diminuer le nombre de musiciens de 100 à 70.
  • Recommandation n° 7 : Contrôle du temps de travail des musiciens. 
  • Recommandation n° 7 (bis) : Grâce à ces économies, proposer plus d'opéras, concerts, ballets...
  • Recommandation n°8 : Fin de la prime "théâtre"
  • Recommandation n°9 : Maitriser les dépenses de production (artistes, intermittents...)

Projet de la gare du sud


Pour refaire l'histoire de ce petit quartier :
  • 1891 : Création de la gare
  • 1991 : Fin de l'exploitation de la gare pour construire un centre commercial (abandonné)
  • 1995 : Rachat de l'édifice (qui apparternait à l'Etat) par la ville (sous J. Peyrat) pour 83 millions de Francs (environ 12 millions d'euro) afin d'en faire une nouvelle Mairie.
  • 1998 : Lancement d'un projet avec offre public.
  • 2001 : Sélection du projet de l'architecte P-L Faloci
  • 2002 : La façade de l'ancienne gare inscrite aux "monuments historiques" (septembre)
  • 2003 : Le groupe Faloci/Technip devient maitre d'oeuvre de la réalisation du projet. Travaux estimés à 133 millions d'euro.
  • 2004 : L'Etat refuse la destruction de la gare : monument historique.
  • 2005 : La halle des trains inscrite aux "monuments historiques" (juin)
  • 2005 : Le coût du projet s'établie à 136 millions d'euro (hors maitrise d'oeuvre).
  • 2007 : Lancement de l'appel d'offre de construction basé sur ce budget. (Aout)
  • 2008 : Réévaluation des coûts à 186 millions (hors maitrise d'oeuvre) soit 245 millions d'euro TTC tout inclu. (Fevrier)
  • 2008 : Election de C. Estrosi qui interrompt le projet. : perte nette de 12 millions pour la ville
Et puis...
  • 2009 : Concertation sur le "nouveau projet" (voir ci-après) (février)
  • 2009 : Sélection de 4 candidats suite à appel d'offre : ING, Icade, Eiffage, Cirmad (décembre)
  • 2010 : négociations entre les candidats sur le coût du projet (Mars)
  • 2010 : ING remporte l'offre avec un coût final (estimé) de 8 millions d'euro (Juin)
  • 2010 : Vente du foncier à ING pour 1 euro symbolique (pourtant estimé à 18 million d'euro). (septembre)
  • 2011 : Les parts détenues par ING sont transférées dans une nouvelle société : SCCV Nice gare du Sud (février)
  • 2011 : ING arrête son activité immobilière en France (WAhou!) et vend ses parts dans SCCV au promoteur Icade qui n'avait pas été retenu dans l'appel d'offre (aout/septembre)
  • 2011 : la ville dit "OK" pour la vente à 1€ du foncier (octobre)
  • 2011 : la ville se réveille et pose un recours pour annuler la vente du foncier (décembre)
  • 2013 : Le recours est rejeté, la ville fait appel (janvier/mars)
  • 2014 : La ville vote la reprise du projet... qu'elle modifie à la vollée (voir ci-après) (septembre/octobre)
  • 2014 : L'opposant se désiste de son recours. Le foncier est vendu à SCCV Nice gare du sud (pour quel montant ?? 12,6 millions d'euro ? (voir annexe en fin d'article))
  • 2014 : Finalement, Icade relance le projet initial (novembre)
  • 2014 : début des travaux du parc de stationnement (décembre)

En détail : Le "nouveau" projet : 2009

Déjà que tous les projets autour de ce quartier n'étaient pas claires, la ville continue...
La CRC évoque des modalités "peu claires". Malgré tout, on arrive sur ce programme :

- Un marché couvert dans la halle historique de la gare du sud ; 
- Deux salles de sports et les locaux associés ; 
- Des locaux pour les associations ; 
- Un multiplexe cinéma de 8 à 10 salles ; 
- La possibilité d’un bowling ; 
- Des commerces complémentaires ; 
- Des logements dont 25% de logements sociaux ; 
- Un parc de stationnement de 700 places minimum.

En plus s'ajoute une médiathèque.

Le règlement de sélection pour l'appel d'offre écrit "à l'arrache". 

La CRC pointe du doigt également qu'il y a eu une erreur dans la rédaction du règlement pour la sélection des candidats à l'appel d'offre :
5 critères de notation, tous pondérés. Seulement, le calcul, inscrit dans le règlement, était faux :

( taux de pondération * note ) / 10

La note étant de 1 à 10, les résultats seraient donc peu compréhensibles. Le resultat final, c'est à dire, le choix ne changerait en rien, mais la méthode appliquée au final ne correspondait pas au règlement, rendant celui-ci 

En plus, concernant le critère du coût du projet, le règlement évoque 4 hypothèses, mais n'en donne que 3... Bref... 
A noter qu'avec cette méthode, cela signifiait qu'une entreprise pouvait proposer un projet très peu chère mais de mauvaise qualité et remporter l'appel d'offre... Ce qui a failli se produire...



Selon la CRC, comme cette méthode de calcul rend la pondération différente selon les candidats, cette méthode est alors irrégulière ("illégale" si je traduis bien?)

Le nouveau projet 2.0 qui ne verra pas le jour : 2014

Alors que le projet a été transféré de ING à Icade pour certaines raisons, la mairie se permet de modifier le projet :
- La réhabilitation du bâtiment de la halle aux trains pour offrir 1 800 m² d’espaces publics, notamment pour un marché couvert et des espaces d’expositions et d’animation ;
- Un parc de stationnement souterrain de 450 places sur le site ;
- Des espaces verts nombreux ;
- La constructibilité résiduelle devait permettre la réalisation d’un gymnase financé par le département et l’extension d’une grande surface déjà implantée

Coût prévu : 15 millions d'euro.

Finalement, le projet est vite abandonné puisque la société Icade reprend le projet initialement prévu.

Au final :

La commune a indiqué que la livraison du parking et celle de la halle interviendraient au début de l'année 2017. Le complexe cinématographique, les commerces, les logements en mixité et les logements étudiants seront achevés début 2018. Le gymnase et la salle des associations suivront entre la fin de l'année 2018 et le début de 2019.

Compte tenu de l’obtention de 4,4 M€ de subventions 62, l’aménagement des deux hectares de la gare du sud (stricto sensu, donc hors boulevard Malaussena et voies attenantes) pour le périmètre correspondant à l’actuel projet aura donc coûté au contribuable niçois près de 55 M€ sur une période de 25 ans (cf. annexe 1) y compris les achats de terrains (12,6 M€) et l’abandon du projet de la précédente municipalité (pour un coût net d’environ 12 M€)

Qui possède quoi ?


  • La commune sera propriétaire de la médiathèque Raoul Mille, d’une salle pour les associations et de la halle aux trains
  • La métropole sera  propriétaire des aménagements extérieurs
  • Le reste des constructions et leur terrain d’assiette appartient désormais aux opérateurs privés (SCCV Nice gare du Sud, gérée par Icade)